Depuis mes 4 mois de grossesse j’ai régulièrement des contractions, je sais donc à quoi cela ressemble.
Jeudi 13 juin, 36sa+4, RDV sage femme pour monito et pré admission à la maternité. Au monito 2 belles contractions en 20min. La sage femme me demande si je les ai senti, je lui dis que oui mais non douloureuses et que depuis 2/3 jours, le soir j’ai des contractions régulières toutes les 10min mais non douloureuses. Je remarque quand même que par rapport à d’habitude, mes contractions sont différentes, elles durent plus longtemps et m’arrêtent dans mon activité. Elle décide de m’ausculter par précaution mais col toujours fermé. Je repars donc et les 2 jours qui suivent sont identiques.
Mon mari, travaille pour lui et a une activité très saisonnière, mai/juin est sa pire période et je ne devais surtout pas accoucher ce week end là…
Samedi 15 juin, je vais aux toilettes, je remarque dans mon protège slip une glaire visqueuse (désolée du détail) qui ressemble à celle qu’on peut avoir lorsqu’on ovule. Je pense que je commence à perdre le bouchon muqueux mais je sais aussi que cela ne veut rien dire. Pour mon premier, je l’ai perdu lors de ma menace d’accouchement à 33sa et j’ai finalement accouchée à 39sa mais pour le coup on avait stoppé le travail avec des médicaments.
Je continue ma journée normalement. Le soir, je me sens particulièrement épuisée. Mon mari rentre, il a une grosse journée le lendemain, cette perte de bouchon muqueux le stresse. Je vais au toilette avant de me coucher, je perds à nouveau des glaires mêlées de sang, aucun doute, j’ai perdu le bouchon muqueux.
On se couche. Vers 3h du matin, je sens énormément de liquide couler d’un coup. La sensation d’un flot qui s’écoule d’un coup de mon vagin. Je fais un bond dans le lit. Je sais que j’ai perdu les eaux. Je les avais également perdu dans mon lit pour mon premier. Mon mari se réveille, on s’active et je lui dis « je suis désolée, je sais que c’est pas le bon moment pour toi », c’est bête, je n’y suis pour rien et il le sait mais je lui le dis quand même. Puis monte une terrible angoisse. Je revois la naissance catastrophique de mon premier qui est né en état de mort apparente, suite à une infection attrapée pendant le travail, suite à rupture de la poche des eaux.
Je ne voulais surtout surtout pas revivre ce scénario. Je voulais un travail qui démarre par des contractions, je voulais rester le plus longtemps possible à la maison, je ne voulais pas partir vite à la mater…bref je ne voulais pas commencer par rompre la poche d’autant que cette fois je sais que je suis positive au strepto b.
J’appelle ma mère pour qu’elle vienne dormir à la maison avec notre fils de 3 ans et je pleure, je pleure, je lui dis que mon accouchement démarre comme pour mon premier, que j’ai peur de revivre ce cauchemar…etc Elle essaie de me rassurer.
On prépare les dernières affaires, ma mère arrive et je commence à ressentir des contractions douloureuses. Très supportables mais je sais que le travail se met en route. Je suis contente car un déclenchement n’est pas possible pour moi suite à mon antécédent de césarienne et un travail naturel c’est toujours mieux. J’ai l’espoir d’accoucher voix basse.
On arrive à la clinique, on m’ausculte, col ouvert à 1cm puis on me met sous monito. La sage femme n’est pas très agréable…le service est plein à craquer (comme pour mon premier!) Il y a des accouchements de partout et je pense que ma présence l’ennuie clairement. Le monito n’est pas très oscillant (je suis devenue une experte vu mes péripéties de fin de grossesse et la surveillance régulière), je lui propose donc de me mettre sur le côté pour que ce soit mieux. Elle me répond très sèchement qu’un monito doit être bon peu importe la position! On m’avait pourtant dit que le bébé était mieux oxygéné et préférait souvent quand on se mettait sur le côté notamment gauche et ça se confirmait sur mes monitos. Je me dis qu’on a pas de bol mais heureusement la nuit va se terminer et les équipes vont tourner. Nous lui faisons part de nos inquiétudes liées à mon premier accouchement, elle ne nous montre aucune empathie.
On me met la perf d’antibio, au passage elle me fait très mal en la posant.
L’antibio terminé, on m’amène dans une chambre et on me débranche le monito. Celui-ci n’était pourtant pas terrible car peu oscillant et a déjà montré des petits ralentissements cardiaques lors des contractions mais cela n’inquiète pas la sage femme…
Moi et mon mari sommes très stressés et nous n’avons aucune considération…
Je commence à bien sentir les contractions, je souffle entre 2. Je prends une douche. 1h30/2h passent et on me remet sous monito. L’équipe a changée, je tombe sur une sage femme très agréable et qui a lu notre dossier et comprend notre stress.
Les contractions deviennent très douloureuses et sont régulières, toutes les 5min environ. C’est difficile pour moi car je suis allongée et je ne peux pas bouger car toujours sous monito. Les ralentissements cardiaques de la petite sont toujours présents. Parfois des ralentissements vraiment importants. La sage femme vient, sens notre inquiétude, décide d’appeler le gynéco de garde.
Celui ci est très humain, nous dit avoir bien lu notre dossier, comprend tout à fait notre stress et nous promet qu’il ne prendra aucun risque, qu’au moindre doute ce sera césarienne mais que pour le moment les ralentissements ne sont pas inquiétants.
On est rassurés car on se sent pris en charge mais le monito reste stressant.
La sage femme repasse nous voir au bout de 15/20 min car elle a constaté des ralentissements. A ce moment, viens une belle contraction et là le coeur de bébé ralentit, ralentit, ralentit…je commence à ne plus supporter les contractions, ça devient intenable. En voyant ce ralentissement, la sage femme nous dit « bon ben on dirait que bébé nous dit de partir en césarienne car là le ralentissement était important ». Elle m’ausculte, col effacé et dilaté à 2cm. Je réponds » c’est tout?! ». Elle me dit que c’est super, que le travail avance bien, qu’à mon arrivée, le col n’était même pas effacé et que c’est une belle progression! Euh moi je me dis surtout que je douille déjà depuis quelques heures et que je ne vais pas tenir longtemps!
Elle nous dit qu’elle va demander un avis au gynéco à savoir si on me passe en salle d’accouchement pour tenter une perf d’ocytocine afin d’accélérer le travail ou si on part en césarienne directement vu les ralentissements.
On attend au moins 20 min, pendant ce temps plusieurs ralentissements. Mon mari et moi sommes persuadés qu’on va m’amener directement au bloc pour une césarienne vu le monito et l’attente…mais non la sage femme revient et nous dit qu’on part en salle d’accouchement. Je suis sceptique…mais heureuse de pouvoir avoir enfin la péridurale.
Nous arrivons dans la même salle d’accouchement que pour mon premier, décidément on a l’impression de tout revivre…
L’anesthésiste arrive, me pose la péri, ça va déjà beaucoup mieux même si je sens toujours des contractions douloureuses.
Des ralentissements encore et toujours pendant les contractions…Ça me stresse. Pour mon premier c’était exactement pareil. Un monito pas terrible mais pas alarmant non plus et au final on a failli le perdre. La sage femme m’ausculte, je suis à 4cm, elle installe la perf d’ocytocine. Je décide de l’interpeller et lui confie nos angoisses liés au monito, je lui dis qu’elle peut regarder le dossier de mon premier et que typiquement c’est la même chose. Le dossier de mon premier est archivé mais elle nous entend et nous dit que c’est bien de le lui avoir dit. Elle va en faire part au gynéco. Elle s’absente 5 min pour l’appeler et revient en disant qu’on part en césarienne. Le gynéco nous a promis aucun risque et entend nos angoisses donc on part en césarienne.
Là je m’effondre littéralement car je me reprends tout le traumatisme de mon premier accouchement en pleine figure. Dans quelques minutes, ma fille va naître. Va t’elle crier en sortant de mon ventre? Va t’elle être réanimée? Vais je revivre le même cauchemard? Je ne me contrôle plus, je n’arrive pas à me détendre. Le personnel médical pense que je pleure car je ne vais pas accoucher par voie basse…A ce moment là ce n’est pas du tout ça qui me préoccupe mais la santé de mon bébé.
Mon mari part se préparer pour le bloc. Moi on m’installe. Il fait un froid glacial. Le froid et le stress me font trembler de tout mon corps. C’est incontrôlable. J’entends le gynéco et l’anesthésiste discuter tranquillement le temps de tout préparer. Moi je suis dans un autre monde. Je pense à mon bébé, à la suite. Je revis mon premier accouchement, c’est atroce. Je revois sa naissance, l’absence de cris, l’attente interminable de 30 min le temps qu’on vienne nous donner des nouvelles. Je revois le gynéco inquiet car mon utérus ne se contractait pas et avait peur de l’hemorragie de la délivrance. Cette fois, comment va se passer cette césarienne? Je pleure, je pleure…L’anesthésiste me met un masque à oxygène et me dit de me détendre. Il me dit de respirer calmement, de bien oxygéner mon bébé. J’essaye de me concentrer, d’arrêter de pleurer. Ça fonctionne quelques minutes puis je repars en sanglots. Je me demande comment ils vont m’ouvrir le ventre tellement je bouge avec mes sanglots et je tremble…
La sage femme arrive et s’installe près de moi. Elle essaye de me faire me concentrer sur un point précis afin de me détendre. Elle me dit aussi que c’est elle qui va accueillir mon bébé et que tout va bien se passer. Je n’arrive pas à l’entendre, rien ne m’apaise.
Mon mari arrive et s’installe près de moi. Il me caresse le visage, me dit que ça va aller. Les larmes coulent toujours. J’essaye de me raisonner mais je ne maitrise plus rien.
La césarienne commence. Je sens tout mais je n’ai pas mal. C’est très désagréable. Je sens beaucoup plus que pour mon premier. Ça me parait très long. Au moment de sortir le bébé, je sens qu’on me remue dans tous les sens. Cette sensation est vraiment bizarre et très très désagréable. L’impression qu’on me retourne le ventre de l’intérieur. On me dit de pousser, je crois que je gémis tellement c’est désagréable.
Puis…un cri! Un vrai cri! Bien aigû, bien intense. Mon mari et moi éclatons littéralement en sanglots! Sanglots de joie et de soulagement cette fois. Je suis à nouveau incontrôlable. Mon bébé a crié. Elle est bien vivante et en bonne santé.
Elle part rapidement pour l’emmailloter puis très vite la sage femme vient nous la montrer. Je suis attachée et tourne la tête difficilement mais je la vois. Je la trouve magnifique. Elle est toute petite. La sage femme nous annonce qu’elle fait 2kg3 et que c’est sûrement à cause de son petit poids qu’elle ne supportait pas bien les contractions.
Je la regarde et j’ai dû mal à réaliser que c’est mon bébé.
La sage femme repart avec elle car la petite a les ailes du nez qui s’écartent, ce qui signifie qu’elle se fatigue pour respirer mais la sage femme nous rassure tout de suite en nous disant qu’elle va très bien. Mon mari part avec le bébé pendant qu’on me recoud.
Le gynéco termine et vient me voir en me disant qu’il est content que tout aille bien. Cette césarienne a été faite vraiment tôt selon lui et il a prit cette décision pour nous mais le principal c’est que tout aille bien. Ça aurait été une autre personne, il n’aurait pas pratiqué la césarienne si tôt. En moi même je suis de toute façon persuadée que ça se serait terminé en césarienne car la petite n’aurait pas supporter l’ocytocine et les ralentissements auraient été encore plus importants. Sauf que si on avait attendu, dans quel état serait elle sortie? Il me dit aussi que mon utérus est niquel, qu’on peut me faire une 3ème césarienne sans soucis. A ce moment là, il ne faut pas me reparler de césarienne…je suis franchement vaccinée car les sensations ont été très désagréables et à ce moment précis, je n’ai pas du tout envie de le revivre!
Depuis bien évidemment c’est oublié et je serais prête à recommencer!😉
On part m’amener en salle de réveil. Dans le couloir on m’arrête pour la voir. Elle est dans un berceau chauffant. Elle a des petites lunettes à oxygène. Le pédiatre vient me voir et m’explique que tout va bien. Sa saturation est bonne. Il faut juste lui insufler de l’air par le nez afin de bien ouvrir les alvéoles de ses poumons car elle se fatigue et geint.
Il me précise que si elle en a besoin plus de 6h elle devra être transférée. Transférée?! Comme mon premier dans l’hôpital de niveau 3 alors que la clinique est désormais équipée d’une unité de néonat’? C’est l’incompréhension pour moi et je m’imagine déjà être encore séparée de mon bébé…
Je pars en salle de réveil avec l’espoir qu’elle reste près de moi quand je descendrais dans ma chambre et je me dis que c’est une battante! Je me contente en me disant que mon bébé va bien et ça c’est déjà une sacrée victoire! Je bénéficie d’un tout nouveau service : les lunettes de réalité virtuelle qui me permettent de voir mon bébé en peau à peau avec mon mari et de les entendre. Le temps passe plus vite ainsi…je quitte assez rapidement la salle de réveil (au bout d’1h30 je crois). Mon ventre s’est réveillé de l’anesthésie beaucoup plus rapidement que pour mon premier. Les sensations sont revenues très vite.
J’arrive en chambre. La puéricultrice me dit que mon bébé est en néonat en peau à peau avec le papa. Ma fille va bien mais a toujours besoin des petites lunettes. Elle me dit vouloir négocier avec la sage femme qu’on me mette sur un fauteuil pour que j’aille en néonat faire du peau à peau avec ma fille si je m’en sens capable. Il faut négocier car je ne suis pas censée me lever si vite…
On m’apporte une collation et la sage femme me demande si je me sens apte après la collation à me mettre dans un fauteuil. Bien sûr que je me sens apte, je veux tellement voir mon bébé.
J’ai donc accouchée à 13h13 et levée à 16h30 pour aller voir ma fille. Franchement ça été. Douloureux bien sûr mais la motivation a dépassé tout ça.
J’arrive en néonat, on me pose ma fille en peau à peau et le miracle opéra quelques minutes plus tard. Elle n’avait plus besoin de ses petites lunettes et repirait parfaitement sans se fatiguer!
J’ai passée cette première nuit à la maternité avec mon bébé tout contre moi. Quel bonheur!
J’ai eu la chance de tomber sur du personnel formidable qui a tout fait pour que ces instants aient lieu et qui sont passé outre certaines règles. Un grand merci pour leur investissement.
Je pense à vous toutes, celles en attente, celles qui vivent des drames, et je n’oublierai jamais d’où je viens. Le combat a été difficile mais elle est bien là!